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Interview du Directeur Général de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA)

Maelig Le Bayon

Du 04 au 07 juin 2025, la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) a effectué une mission en Guyane. Accompagné de plusieurs membres de son équipe, le Directeur de la CNSA, M. Maëlig LE BAYON, a pu rencontrer et échanger avec les acteurs locaux de la politique de l’autonomie.

Cette visite s’inscrit dans la volonté de la CNSA d’aller au plus près de ses partenaires territoriaux tel que les Agences Régionales de Santé (ARS), les Conseils Départementaux, les Collectivités à compétence départementale, les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) ou les Maisons de l’Autonomie (MDA), mais également des CGSS d’Outre-Mer.

L’objectif : renforcer les liens institutionnels, mieux comprendre les enjeux de terrain et favoriser la co-construction de solutions concrètes en matière d’accompagnement des personnes âgées et en situation de handicap.

À l’occasion de sa visite, M. Maëlig LE BAYON a répondu à des questions pour la CGSS Guyane. Dans cet entretien exclusif, le Directeur revient sur le rôle de la CNSA et les enjeux de cette mission en Guyane.

[De gauche à droite]
Mme Bernadette JAGPAL, Responsable du pôle action sociale de la CGSS Guyane ,
M. Vincent TERRADE, Directeur Adjoint de l’appui au pilotage de l’offre de la CNSA,
Mme Bénédicte AUTIER, Directrice de l’accès aux droits et des parcours
M. Romain SIBILLE, Directeur Adjoint du financement de l’offre de la CNSA,
Mme Isabelle MASSOU, cheffe de projet du pilotage territorial de la branche de la CNSA,
M. Maëlig LE BAYON, Directeur Général de la CNSA,
Mme Béatrice BLEZES, Membre du Conseil d’Administration de la CGSS Guyane,
M. Joel LIPAN, Directeur Relation clients et Action sociale de la CGSS Guyane,
M. Christian DORVILMA, 2e Vice-Président du Conseil d’Administration de la CGSS Guyane,
M. Jean-Xavier BELLO, Directeur Général de la CGSS Guyane.

Une mission de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) est présente plusieurs jours en Guyane et votre déplacement inclut une rencontre avec la CGSS. Pouvez-vous nous indiquer ce qui motive cette visite ?

La création de la 5ème branche de sécurité sociale pour l’autonomie date de 2020. Sa gestion a été confiée à la CNSA et cette branche est atypique dans sa structuration : elle n’a pas de caisses départementales de solidarité pour l’autonomie mais s’appuie sur les ARS et les Conseil Départemental/Conseil Territorial(CD/CT), MDPH ou MDA qui ont déjà des prérogatives en matière de politiques autonomie. Ces acteurs sont nos interlocuteurs de proximité.

En 2023, le Conseil de la CNSA a validé le cadre de coopération entre les acteurs de la branche autonomie dans lequel la CNSA s’engage à aller chaque année à la rencontre de ses partenaires en région, dont au moins un déplacement dans chacun des territoires ultra-marins sur la durée d’une COG (convention d’objectifs et de gestion).

C’est dans ce cadre que nous nous déplaçons en Guyane, pour plusieurs jours. J’ai parlé des acteurs de la branche mais les parties prenantes pour la mise en œuvre de nos politiques sont bien sûr bien plus nombreuses que le triptyque ARS/CD-CT-MDPH et CNSA : ces déplacements sur place nous donnent également l’opportunité de rencontrer des représentants des associations de personnes, de la préfecture, des fédérations, des organismes gestionnaires et, bien sûr, de la CGSS.

Quelles sont les missions de la CNSA et comment sont-elles mises en œuvre sur notre territoire ?

Cette nouvelle branche de sécurité sociale a été créée pour renforcer l’équité d’accès à l’information sur les aides à l’autonomie des personnes âgées et des personnes en situation de handicap et leur mise en œuvre effective, sécuriser ses financements, améliorer la lisibilité et l’efficience des politiques publiques. La prévention de la perte d’autonomie et sa compensation, c’est-à-dire la mise en œuvre d’aides pour faciliter le quotidien sont au cœur de nos missions.

En Guyane, des actions concrètes de prévention sont mises en œuvre grâce à la Conférence des Financeurs de la Prévention de la Perte d’Autonomie (CFPPA). La CGSS est d’ailleurs l’un des membres de droit de la CFPPA et elle propose des actions complémentaires au titre de sa propre offre d’action sociale.

Par ailleurs, la CNSA verse à la Collectivité territoriale de Guyane, par le biais de concours annuels, une participation au coût de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) et de la PCH (prestation de compensation du handicap). Elle participe également financièrement au fonctionnement de la MDPH, contribue à former les professionnels de l’autonomie dont ceux en charge de l’évaluation, donne à l’ARS, mais aussi à l’attention de la CTG, les dotations qui viennent soutenir la création, la transformation, l’adaptation de l’offre médico-sociale et des services à destination des personnes et leurs aidants.

Nous avons également un rôle important à jouer en faveur de l’attractivité des métiers.

La généralisation du Service Public Départemental de l’Autonomie (SPDA) a été validé. Ce dispositif vise à garantir un accès simplifié et harmonisé à l’information, à l’orientation et à l’accompagnement pour toutes les personnes âgées ou en situation de handicap et leurs proches, en s’appuyant sur une coordination renforcée entre les acteurs locaux. Pouvez-vous nous donner quelques précisions à ce sujet ?

Le SPDA s’adresse aux personnes âgées ou en situation de handicap et à leurs aidants pour leur simplifier l’accès à l’information et être orientés efficacement en fonction de leurs besoins et de la complexité de leurs parcours.

Le SPDA n’est pas un nouveau dispositif. Il vise à fédérer les acteurs de terrain existants : MDPH, centres communaux d’action sociale (CCAS), centres locaux d’information et de coordination (CLIC), maisons France service, caisses d’allocations familiales (CAF), CGSS (et je sais que vous avez été associés à la démarche très rapidement), Communautés 360, dispositifs d’appui à la coordination (DAC), communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), … La CTG tient le rôle de chef d’orchestre, et le SPDA permet de dépasser les clivages entre les secteurs médico-social, social et sanitaire. L’objectif est d’apporter une réponse globale et coordonnée aux personnes pour garantir la continuité de leur parcours et faciliter l’accès concret et rapide aux offres, qu’elles aient pour objet l’inclusion, l’adaptation de l’habitat, les services de santé ou l’accompagnement social.

Le SPDA s’articule autour d’un socle de quatre missions :

  1. la garantie d’un accueil, d’un accès à l’information, d’une orientation et d’une mise en relation avec le bon interlocuteur sans renvoi de guichet en guichet;
  2. l’évaluation de la situation, l’attribution des prestations dans le respect des délais légaux ;
  3. le soutien à des parcours personnalisés, continus et coordonnés, grâce à un appui et une coordination des professionnels du social, du médico-social, du sanitaire et du droit commun pour répondre aux besoins des personnes, même les plus complexes ;
  4. la réalisation d’actions de prévention et d’aller vers les personnes les plus vulnérables.

La Guyane est l’un des 18 territoires ayant participé à la préfiguration du Service public départemental/territorial de l’autonomie et a contribué aux travaux d’élaboration du cahier des charges paru le 3 juin dernier.

Le déploiement du SPDA prend tout particulièrement son sens sur le territoire de la Guyane et ses enjeux géographiques, d’éloignement mais aussi de difficultés de mobilité.

Les équipes de la CNSA ont pu mesurer l’importance de l’aller vers auprès des personnes âgées, en situation de handicap et leurs aidants mais aussi les professionnels en étant présents sur le Tour de l’autonomie organisé par la CTG à Saint-Georges de l’Oyapock, le 7 juin dernier.

Pouvez-vous nous parler des chantiers prioritaires de la CNSA (habitat intermédiaire, simplification en matière d’accès aux droits sociaux et aux dispositifs d’aide entre autres) et de leurs déclinaisons opérationnelles sur notre territoire ?

La question de l’habitat intermédiaire est en effet un sujet très prégnant au sein de la CNSA et les membres du Conseil ont d’ailleurs constitué un groupe de travail national sur ce sujet depuis avril. Ils rendront leurs constats et propositions à l’automne.

Ce sujet est très important pour la Guyane, territoire qui va vieillir très vite avec une offre d’habitat souvent précaire, difficilement aménageable en accessibilité. Nous participons, en lien avec la CNAV (et donc par l’intermédiaire de la CGSS Guyane) au financement de résidences autonomie qui étaient absentes des territoires ultra-marins jusqu’à il y a quelques années. L’habitat inclusif ou l’accueil familial sont d’autres solutions alternatives lorsque le maintien au domicile n’est plus possible.

Néanmoins, que ce soit sur cette offre intermédiaire ou sur de la construction ou de la rénovation d’EHPAD, nous devons respecter le choix de vie des personnes, proposer des solutions en adéquation avec leurs repères habituels de vie, tant sur le bâti que sur son environnement. La Guyane, comme les autres territoires d’outre-mer, fait face à un déficit d’offre sur lequel nous travaillons aux côtés de l’ARS, de la CTG et de la MDPH.

Concernant l’accès aux droits, nous avons évoqué le déploiement du SPDA dans la question précédente et la facilitation du parcours des personnes grâce à la meilleure interconnaissance et mise en relation entre partenaires.

Pour la réflexion en cours sur la simplification administrative, la ministre Parmentier-Lecocq devrait prochainement faire des annonces suite au tour de France de la « task force » durant lequel elle a rencontré de nombreuses personnes concernées et leur famille.

Sur le sujet de la MDPH, je profite de cette interview pour souligner à nouveau la qualité du service rendu par celle de la Guyane puisqu’elle apparait en 3ème position dans le baromètre national des MDPH disponible sur le site de la CNSA.

La CGSS Guyane remercie M. Maëlig LE BAYON d’avoir répondu à ces questions.

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